16 juin 2023 par Raphaël Boilard, membre du comité-conseil JEUNESSE22
Au début du mois, j’ai assisté au Sommet international de l’écocitoyenneté (SIDE) à titre de représentant pour le comité-conseil Jeunesse 22 du Lab22. Voici un résumé des moments forts de ma participation à cet évènement d’envergure.
La journée du jeudi a commencé en force avec une conférence d’Émilie Gaillard dont les travaux de recherche sont principalement axés sur le droit des générations futures. Elle a abordé le concept de colonisation de l’avenir en faisant un parallèle avec les conséquences désastreuses des impacts climatiques à long terme. Sa présentation m’a fait prendre conscience de l’inégalité des chances qui se creuse entre moi et ceux qui naîtront durant les prochains siècles.
J’ai ensuite assisté à un exposé fort intéressant sur l’écoanxiété et l’écoaction. Laelia Benoit, pédopsychiatre de formation, a présenté l’anxiété climatique comme étant une réaction saine tout en précisant qu’il faut faire attention à la paralysie ou à la culpabilité engendrée par la peur des conséquences environnementales. Elle a aussi apporté un point très intéressant par rapport à la jeunesse engagée pour la justice environnementale et le regard des médias envers cette dernière . Souvent, les reportages vont mettre de l’avant les jeunes en les représentant comme des militants bruyants et revendicateurs, des victimes innocentes ou encore, des sauveurs ultimes. Cet angle d’approche doit être changé pour mettre davantage l’action climatique sous les projecteurs.
J’ai poursuivi ma journée avec un atelier d’Olivier Champagne-Poirier, professeur de communication à l’Université de Sherbrooke. Il nous a présenté plusieurs modèles pour faciliter la transmission d’informations à la population quant à la crise climatique. Ce que je retiens, c’est qu’il faut que les futures publicités informent des publics ciblés sur des enjeux mieux explicités, et que les destinataires de ces campagnes y trouvent des solutions concrètes pour mieux passer à l’action plutôt que de rester dans un état de passivité.
L’après-midi, quant à lui, s’est déroulé sur une note plus rassembleuse. J’ai rencontré trois jeunes passionnés par le militantisme (Yuna, Anaïs et Manuel) qui ont présenté un documentaire (réalisé par Élise Ekker-Lambert) dans lequel ils et elles figuraient. J’ai ressenti beaucoup de souffrance en écoutant la projection audiovisuelle. Des jeunes qui militent au lieu d’avoir le loisir de profiter de l’adolescence. Des jeunes exacerbés par les préjugés sociétaux. Des jeunes fatigués par l’inaction climatique des gouvernements. Je leur lève mon chapeau pour le courage de leurs actions et je retiens un message répété à maintes reprises par ces derniers : « L’action climatique, c’est l’affaire de toutes les générations. Ce n’est pas aux jeunes de porter tout ce poids sur leurs épaules. »
Cette première journée s’est conclue avec une allocution fort intéressante d’Erin Brockovich, avocate et activiste. Je retiens de sa présence qu’il faut toujours croire en nous et en nos convictions. Malgré les difficultés que la vie peut mettre sur notre chemin, la persévérance porte très souvent ses fruits.
Le lendemain, j’ai commencé la journée par un atelier sur l’anxiété financière. J’y suis allé vraiment par curiosité puisque je me questionnais beaucoup à savoir quelle place l’argent prenait dans un événement principalement axé sur des actions entourant la décroissance. Bien que l’atelier était davantage théorique, j’en suis ressorti avec une réflexion quant à l’argent qui devient de plus en plus invisible (paiement par cartes ou par téléphone). C’est malheureux de constater que l’humain détruit ses ressources les plus précieuses avec un pouvoir quasi invisible.
J’étais bien heureux de retrouver ensuite Mélissa Mollen Dupuis et ses amies autochtones et allochtones pour une discussion sur la jeunesse autochtone engagée. En pleine catastrophe des feux de forêt dans la province, Mélissa a mis de l’avant le fait que cette conséquence climatique était une forme de racisme envers les peuples autochtones. Laura Fontaine, jeune Innue de Mani-utenam, a rappelé l’importance de renouer avec son territoire et de prendre des pauses avec la nature pour ralentir le rythme insoutenable de notre société. Bref, on ne peut aucunement écarter les enjeux des Premiers peuples, des Inuits et des Métis dans notre combat climatique.
Après avoir assisté à un après-midi d’ateliers sur les objectifs gouvernementaux de 2030 et de 2050 en matière d’environnement et de luttes sociales, j’ai finalement écouté la conférence de clôture de Ban Ki-Moon, 8e Secrétaire général des Nations Unies. Il a rappelé le conflit actuel en Ukraine tout en nous partageant ses inquiétudes par rapport au dérèglement climatique et aux conséquences mondiales.
Pour tout dire, j’ai vraiment appris beaucoup et j’ai rencontré des actrices et acteurs engagés dans la lutte environnementale lors du SIDE. Par contre, il faut toujours garder à l’esprit que ce genre d’évènement n’est malheureusement pas sans impact carbone et qu’il faudra revoir à l’avenir certaines façons de s’éduquer et de réseauter pour éviter de créer des incohérences. Quand une grande compagnie d’aviation est le transporteur officiel de l’évènement et quand les ressources alimentaires sont mal calculées pour nourrir les personnes invitées et que cela entraîne du gaspillage alimentaire, il y a de sérieuses questions de société à se poser quant à la tenue de grands rassemblements de ce genre, surtout en contexte environnemental!