JEUNESSE22 à la COP15 – Bilan d’une expérience enrichissante

Du 7 au 19 décembre 2022 à Montréal s’est déroulée la 15e Conférence des Parties (COP15) à la Convention sur la diversité biologique (CDB) des Nations Unies. Cet événement international a rassemblé des gouvernements du monde entier ainsi que de nombreux représentants de la société civile de partout dans le monde. Parmi cette importante délégation, 5 membres du Comité conseil JEUNESSE22 s’y trouvaient. Ils et elles vous présentent leurs réflexions et leur bilan personnel de cette expérience exceptionnelle.

Raphaël Boilard, 22 ans (Capitale-Nationale)


Je vis beaucoup d’inquiétudes par rapport aux différentes statistiques qui prouvent que la faune et la flore se dégradent à un rythme fulgurant. Comme la biodiversité et les changements climatiques sont étroitement liés, toute dégradation des écosystèmes accentue les inégalités sociales à l’échelle planétaire. Je suis sérieusement inquiet de vivre dans un monde où il ne sera plus possible de jouir des privilèges de la nature.

Ce que je retiens de ma participation au Sommet Jeunesse, c’est le lien direct entre les peuples autochtones et la dégradation de l’environnement. Chaque fois qu’un individu laisse une empreinte qui a des conséquences importantes sur la biodiversité, cela accentue le carnage envers les territoires non cédés sur lesquels nous nous en permettons beaucoup trop. Aussi, je retiens de mon passage à cet événement que la culture et l’art sont des armes de destruction de l’intolérance et ils sont très utiles dans la sensibilisation des populations aux problèmes environnementaux.

Suite à cet événement, j’aimerais qu’il y ait de plus en plus de sensibilisation aux impacts négatifs de la dégradation de la biodiversité chez les jeunes. Je pense que, pour changer le monde dans lequel on vit présentement, cela prend un grand virage en éducation. Il est clair que mes futurs élèves seront sensibilisés aux gestes à faire pour sauvegarder l’environnement qui nous entoure. De plus, je veux continuer à militer dans des événements rassemblant les jeunes pour montrer au gouvernement que nous sommes plus que préoccupés par la situation actuelle de notre planète.

Parmi les moments forts du rassemblement jeunesse, il y a eu la bénédiction de Otsi’tsaken:ra, un aîné autochtone de Kahnawake. Il nous a rappelé à quel point le rapport à la nature est primordial pour ces peuples et que nous ne sommes pas assez reconnaissants envers ce que la Terre-Mère a à nous offrir. Hila Perry, une artiste new-yorkaise, est aussi venue nous rappeler à quel point l’art et la culture ont un rôle capital dans la lutte aux inégalités climatiques. Dans ce monde en décrépitude, c’est la beauté qui permet de se soulever la tête hors de l’eau.

La jeunesse est allumée et elle a le pouvoir de s’engager pleinement, tout comme les adultes, dans le maintien d’une biodiversité en santé. Nous détenons des moyens pour nous rassembler et innover.

Ce Sommet Jeunesse m’a donné l’espoir qu’entre jeunes, nous avançons parfois plus vite qu’entre dirigeants qui ont des cadres plus rigides à respecter.

Mishka Caldwell-Pichette, 18 ans (Abitibi-Témiscamingue)


Lors de la semaine du 5 décembre, j’étais à Montréal pour la COP15 grâce au soutien des Offices jeunesse internationaux du Québec (LOJIQ). Ce fut une semaine chargée d’informations, de rencontres, de conférences, de nouvelles connaissances, de conversations et de personnes aussi inspirantes les unes que les autres. J’ai pu rencontrer des jeunes engagé·es dans leur milieu et j’ai pu discuter des différentes manières dont nous pouvons agir contre la perte de la biodiversité. C’est aussi une semaine pour laquelle je suis extrêmement reconnaissante, mais qui m’amène beaucoup de réflexions. Ces réflexions, je l’espère, mèneront à des actions et à des idées concrètes pour protéger la biodiversité dans ma région.

Les 5 et 6 décembre étaient réservés à un sommet jeunesse. Bien que le premier jour m’ait fait appréhender le second, cet événement a été fort enrichissant. Des discours en début de journée, des ateliers et des panels ont rythmé les activités du sommet. Les discussions sur l’intersectionnalité et sur la justice sociale m’ont particulièrement marquées. J’en retiens que, dans la lutte pour la protection de la biodiversité, il ne faut pas oublier les minorités et les groupes souvent discriminés. À plusieurs reprises, nous avons aussi abordé l’importance de lier les changements climatiques à la perte de la biodiversité, et vice-versa. Ce sont deux problèmes étroitement liés qui sont, malheureusement, souvent traités séparément par nos dirigeant·es.

Plusieurs discours de politicien·nes ainsi que la présence des médias seulement lors de ces moments m’ont aussi apporté des questions : est-ce que les priorités, les valeurs et les désirs de la jeunesse sont réellement pris en compte dans les décisions entourant la biodiversité? Est-ce que la voix de notre génération porte réellement vers des solutions concrètes? Des ministres, entre autres, étaient présents lors du sommet jeunesse pour nous adresser quelques mots sur l’importance d’agir ainsi que sur la nécessité de se battre pour la biodiversité et pour l’environnement en tant que jeunes. Aussi vite que les discours se sont terminés, les ministres ont quitté la salle. De plus, la seule attention que j’ai sentie de la part des médias était lorsque notre délégation québécoise jeunesse a intercepté Benoit Charette, ministre provincial de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, à sa sortie de scène. Si les dirigeant·es et les médias désirent réellement porter la voix des jeunes, la voix de la génération qui vivra avec les conséquences futures des actions et des décisions prises aujourd’hui, iels ont besoin de le prouver.

Dès le 7 décembre, j’ai pu assister à la COP15 au Palais des congrès de Montréal. Bien qu’il soit difficile de tout comprendre, j’ai pu en apprendre beaucoup sur le fonctionnement d’un évènement d’une telle envergure. En tant que future étudiante en Relations internationales et jeune femme préoccupée par plusieurs causes, comme celles environnementales, cette expérience est synonyme d’apprentissages, d’observations et de moments uniques, enrichissants et marquants.

Sur place, j’ai remarqué une grande présence de la jeunesse; des jeunes aussi engagé·es et inspirant·es les un·es que les autres assistaient aux plénières et aux panels. C’était beau de voir qu’autant de jeunes provenant de partout dans le monde se mobilisent pour la biodiversité, pour lutter contre sa perte et pour encourager sa protection et sa revitalisation. Mais c’était moins beau de savoir que cette jeunesse n’était pas présente, ou qu’elle ne l’était que très peu, dans les processus de prises de décisions. J’éprouve une certaine anxiété par rapport au fait que les politicien·nes et les décideur·euses écoutent les jeunes, mais qu’iels ne prennent pas nécessairement en considération nos préoccupations. Comment peuvent-iels continuer de débattre sur des virgules en tenant des conférences internationales de « bla-bla » pendant que la biodiversité continue son déclin ? Pourquoi ne sentent-iels pas l’urgence d’agir pendant que la génération qui subira les conséquences des décisions prises (ou non) aujourd’hui se mobilise et tente de faire changer les choses ?

Félix Bhérer-Magnan, 25 ans (Chaudière-Appalaches)


À la lumière des rapports scientifiques sur l’état de dégradation avancée de la biodiversité, je ne peux faire autrement que de me préoccuper de la santé de nos espèces, petites et grandes, et de nos plantes. Je suis particulièrement inquiet de la perte effrénée de biodiversité depuis les années 1970 et cette donnée suscite en moi plusieurs questionnements. Dans quel monde vais-je vivre dans 10 ans? Dans quelle mesure le changement climatique va accélérer la perte de biodiversité? Combien de personnes, dont des communautés autochtones, mourront en raison de la perte d’habitat et des écosystèmes qui seront profondément perturbés?
Après ma participation au Sommet jeunesse et à la COP15, je me sens sincèrement privilégié d’avoir vécu cette expérience. J’en retiens des rencontres très enrichissantes de jeunes provenant de partout dans le monde. Il est d’ailleurs très intéressant d’avoir échangé avec plusieurs jeunes africains francophones et de mieux comprendre les défis auxquels ils font face quant à la perte de biodiversité. Je peux aussi beaucoup mieux comprendre les coulisses de l’organisation d’une COP et du fonctionnement des négociations. Parmi les moments forts, il y en a plusieurs, il y a eu assurément la visite du Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres au Sommet jeunesse et la rencontre privée avec le ministre de l’Environnement du Québec Benoît Charette.
Le rôle de la jeunesse est absolument incontournable dans la prise de décision sur la biodiversité, parce qu’elle amène une perspective nouvelle et tout autant crédible sur la gestion de la biodiversité. Après tout, ce sont nous, les jeunes, qui devront composer avec les atteintes à la biodiversité et les impacts négatifs qui en découlent.
Revenu chez moi, je suis beaucoup plus sensibilisé à l’importance de préserver la biodiversité et de ce fait, je serai proactif quant à protéger davantage d’espaces naturels, de milieux humides, de parcs et j’en passe. Je vais aussi militer en faveur de plus d’espaces verts en milieu urbain, dans la ville de Québec. Bref, je serai porteur de la sauvegarde de la biodiversité sous toutes ses formes.

Emilie Schwartz, 23 ans (Côte-Nord)


La biodiversité est une richesse, et sa destruction m’inquiète grandement. Je pense notamment à la biodiversité agricole, c’est notre garde-manger pour les générations actuelles, et celles à venir. C’est tellement une grosse industrie, que le virage à prendre semble immense!

Grâce à mon emploi chez Vigilance OGM, j’ai pu avoir mon accréditation pour la COP15! C’est vraiment fou à quel point c’est complexe d’en comprendre le fonctionnement. Mais c’est vraiment intéressant et une occasion exceptionnelle dans une vie ! Ce qui m’impressionne, c’est le travail dans les salles de négociations : comment faire pour que les 196 pays représentés trouvent un accord ? Il y a tout un écosystème autour de ces négociations, et chacun à son rôle à jouer : ONG, gouvernements, société civile…
Une chose qui me marque vraiment, c’est le courage des gens qui sont présents à la COP15. Ce n’est vraiment pas facile de voir la réalité en face, surtout quand celle-ci nous est partagée par des scientifiques du monde entier, en direct, lors des “side event” par exemple (des conférences qui ont lieu en soirée, au palais des congrès). J’ai beaucoup de reconnaissance et de gratitude pour ces personnes. Elles ont le courage de voir la réalité en face, et même si beaucoup d’entre elles sont pessimistes pour la suite des choses, elles n’abandonnent pas.

Mais mon moment préféré a été quand on a déployé une bannière de 80 pieds pour dénoncer la mainmise des milliardaires sur la politique et le financement de la biodiversité, en alliance avec la CBD Alliance et le Collectif Antigone.
Je trouve ça compliqué, en tant que jeune, d’avoir une vision large et objective sur tous ces enjeux. Personnellement, je n’ai pas encore 20 ou 50 ans d’expérience de recherche ou de compréhension en arrière de moi! Par contre, le fait d’être curieux et d’avoir un besoin profond de justice, fait que je pense me poser les bonnes questions et j’en cherche les réponses. Je discute avec des gens, je partage mes inquiétudes, mes incompréhensions, mes sentiments d’injustices et mon admiration. Je me suis mis beaucoup de pression pour être à la hauteur (notamment lors du panel de discussion sur les pesticides), et j’avais peur de ne pas connaître suffisamment le sujet, comme si j’avais le syndrôme de l’imposteur. Mais finalement, j’ai appris qu’on n’a pas à être quelqu’un d’autre que nous-même et on ne peut pas tout connaître! Alors j’aide et je soutiens des personnes de mon entourage (mes collègues, des chercheurs ou activistes) qui m’inspirent. Je fais ma part, à mon échelle et j’en suis fière.

J’ai fait une panoplie de rencontres incroyables et j’ai été impressionné par le travail de toute la CBD Alliance qui travaille sur les enjeux des biotechnologies. C’est fou à quel point le travail d’une petite poignée de personnes est indispensable pour sauvegarder la biodiversité. Je pense notamment à Ali Tapsoba, président de Terre à Vie, une ONG basée au Burkina Faso.

 

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